Germania de Harald Gilbers

Couverture Germania
Résumé :
Berlin, été 1944. De jeunes femmes sont retrouvées mortes, nues et mutilées, devant des monuments aux morts de la Première Guerre mondiale. Contre toute attente, le SS-Hauptsturmführer Vogler fait appel à Richard Oppenheimer, l'ancien enquêteur star. Pourtant Oppenheimer est juif et donc officiellement interdit d'exercer... Tiraillé entre son quotidien misérable dans une " maison juive " et le confort que lui offre son nouveau statut, Oppenheimer est de plus en plus inquiet. Tous les indices pointent vers un assassin appartenant à l'élite nazie, si Oppenheimer échoue, son destin est scellé. Mais n'est-il pas encore plus dangereux de démasquer le coupable ? Pendant les derniers jours du Reich, les tensions sont à leur comble... Lauréat du prestigieux prix littéraire Glauser du meilleur premier roman policier en Allemagne.
Genre : Thriller
Éditeur : Kero
Sortie le : 19 mars 2015
Prix : 19.90 € ( Pour commander)
Pages : 432
Ma note :
4%2F5

Mon avis :
 
La première chose qui m'a attirée, c'est la couverture que je trouve très réussie. Et ce résumé a transformé cet intérêt en grande envie de lire ce roman : une enquête dans le Berlin de 1944, ça ne pouvait qu'être intéressant. Et ce fut le cas !

Bon, j'avoue avoir eu du mal avec certains noms allemands, n'ayant pas fait du tout d'allemand à l'école, je ne suis donc pas familiarisée avec cette langue. C'est un des points un peu gênants que j'ai pu relever, mais là, pour le coup, l'auteur n'y pouvait rien ^^ ça vient totalement de moi.
Autre point un peu gênant, c'est le sentiment que l'enquête passe parfois en second plan. Ce qu'on peut comprendre tant ce qu'il se passe autour est pire d'une certaine façon.
En effet, nous suivons cet ancien commissaire, Richard Oppenheimer, qui est juif. Et a travers ses yeux, nous allons découvrir ce qu'on vécu les Berlinois lors de cette année 1944. Les anglais bombardent sans arrêt la ville, si bien que les habitants vivent au son des sirènes et des explosions, souvent obligés de déménager quand tout est détruit. C'est le chaos la plus part du temps, et notre ancien commissaire, qui se retrouve embringué dans cette enquête sans qu'il puisse refuser, va devoir trouver le coupable dans un décor de fin du monde.

On sent que l'auteur a fait des recherches, il l'explique d'ailleurs à la fin du livre, il s'est appuyé sur des journaux intimes de berlinois. Et on ressent à chaque page cette authenticité, presque comme si nous lisions un documentaire. Avoir un point de vue de l'intérieur de Berlin, on comprend ce qu'on vécu ces gens, qui ont subi cette guerre, certains en y prenant part, mais d'autres la subissant fatalement. Car ils n'avaient d'autres choix. Peu importe leur désaccord, on ne pouvait pas en parler, sous peine de mort, personne ne pouvait être contre Hitler.
On ressent aussi cette injustice, non pire que ça, je ne trouve pas le mot pour décrire ce que subit Richard, ce que d'autres subissent encore aujourd'hui, parce qu'ils sont juifs.
La violence, les agressions physiques et verbales, ces mots si durs, si incompréhensibles...
Notre ancien commissaire vit déjà l'horreur, dans ce pays dirigé par un monstre, avec la peur au ventre constamment et voilà qu'il est chargé d'en attraper un... On ne sait plus ce qui est pire finalement, quel monstre est le plus abominable.

En parlant du coupable de ces meurtres atroces, je regrette de ne pas avoir été plus dans sa tête, le peu qu'on y a été était très intéressant mais trop léger. Du coup, mais peut-être était-ce le but, on ne réalise pas vraiment à quel point ces meurtres sont atroces. La guerre et sa réalité prend le pas sur le reste, et je suppose que c'était le cas à l'époque.

Richard quand à lui, est un homme résigné. Résigné par la folie qui a envahi son pays et ses habitants, voire ses anciens amis. Il est comme cette ville, ravagé par les cendres, éteint, sans couleur. Il ne vit plus, il survit depuis qu'il n'est plus commissaire. Aussi, cette enquête, bien que dangereuse et avec une issue qu'on ne peut qu'imaginer fatale pour lui, lui redonne du souffle. Mais à trop vouloir en faire, à trop se laisser aller, Richard risque gros, mais il risque surtout d'oublier qui il est, un juif dans un pays qui les extermine.
Malgré cette ambiance sombre et souvent glauque, qui nous arrache parfois des larmes, Richard parvient à nous faire sourire par ses réparties.

J'ai trouvé cela très intéressant de découvrir et de suivre cette enquête rendue encore plus difficile par cette guerre. On n'y pense pas forcément, mais les meurtriers ne se sont pas arrêtés de répandre leur folie pendant la guerre, au contraire, ils ont dû en profiter. Profiter du manque d'effectifs et de compétence de la police, profiter du chaos ambiant.

En bref, une enquête policière intéressante et inhabituelle, puisque sur fond de seconde guerre mondiale à Berlin. A lire pour le contexte, pour découvrir la vie des berlinois sous les bombes des alliés, pour suivre cette intrigue policière à la poursuite d'un fou meurtrier.

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Extraits :
Page 319 :
Il examina attentivement les cheveux noirs gominés de Goebbels et son nez proéminent. Vogler, avec ses traits grossiers, ne correspondait pas non plus à l'idéal de beauté national-socialiste. Oppenheimer sourit intérieurement. Dans cette pièce, lui, le Juif, était celui qui ressemblait le plus à un Aryen. C'était le monde à l'envers.
Pages 320/321:
- Jusqu'à la fin de cette enquête, je vous relève de votre appartenance au peuple juif. A partir de maintenant, vous serez traité comme un Aryen...
...Oppenheimer... ignorait que le ministre de la Propagande avait le pouvoir d'exclure quelqu'un de sa communauté religieuse. Qu'allait-il se passer à présent ? Son prépuce repousserait-il par l'opération du Saint -Esprit ?

Couverture originale


1 commentaire:

  1. Merci d'avoir chroniqué ce livre ! Je ne connaissais pas et le voilà déjà dans ma WL !

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